jeudi 5 août 2010

Mon premier lâché solo

    Il est 12 heures quand je daigne enfin me lever. Tout semblait faire en sorte que ce mercredi 04 août soit une journée comme les autres mis a part le fait qu’aujourd’hui, je vole. Rien d’extraordinaire à cela, ça fait plus de la vingtième fois que je vole. Mais le destin en a décidé autrement.

    Après ce levé tardif, je me prépare doucement et regarde la météo, ça semble bon pour cette aprem’, un CAVOK sur le metar du moment. On décide de partir assez tôt de ma maison pour se rendre sur Annecy afin d’éviter les  travaux qui ont lieux juste devant chez moi. Comme l’on a un peu d’avance, il est prévu de passer dans quelques magasins avant de se rendre à l’aéroclub. La route pour se rendre dans la zone commerciale prévoit de passer devant l’aéroport ce qui permet de jeter un coup d’œil aux trafics présents. Les herbes sont malheureusement un peu hautes en cette saison estivale ce qui cache la vue sur les parkings. Par chance, je réussis à avoir une vue dégagée un peu plus loin et heureusement d’ailleurs puisqu’un gros C130 est présent sur ce fameux tarmac. D’un coup, j’ai bondi sur mon téléphone pour annoncer la  nouvelle à mon ami, ce n’est pas souvent que l’on en voit ici. Au retour à l’aéroport, il était temps, le C130 était sur le point de partir. Malheureusement, mon ami n’a pas pu venir. Tanpis

- Annecy tour du F-GEKC, bonjour !
- F-KC, bonjour !
- F-KC, un DR400 au parking club ce sera pour quelques tours de pistes.
- F-KC c’est reçu, la 04 en service, QNH 1012, roulez point d’arrêt Alpha 04 et rappelez prêt.
- la 04, 1012 au QNH, on roule au point d’arrêt Alpha de la 04 et on rappelle prêt KC.

    Le roulage est court, le « parking club » est juste à coté du point d’arrêt de la piste 04. Les essais moteurs sont normaux, 70-80 tours pour chaque magnétos, idem pour la réchauffe carbu, c’est nickel. Briefing avant décollage :

    La 04 en service, on remontera à la raquette, rotation 110, montée initiale 130. 300 pieds, on rentre les volets, on coupe la pompe et on va chercher 140km/h, premier virage à droite. En cas de panne mineure ou majeure avant décollage, on coupe les gaz et on freine, panne mineure après décollage, circuit de piste adapté par la droite et on revient se poser, panne majeure avant décollage, on va chercher 135 et on se trouve un champ.

- F-KC, au point d’arrêt Alpha 04, on est prêt, pour remonter à la raquette.
- F-KC, remontez à la raquette, alignez-vous 04 et rappelez prêt.
- On remonte à la raquette, on s’aligne et on rappelle prêt KC

- F-KC, aligné prêt 04
- F-KC, les vents du 340 pour 7 nœuds, autorisé décollage 04, rappelez vent arrière
- Autorisé décollage 04, on rappelle vent arrière KC

    C’est parti, pleins gaz, 2300trs/min, tout est dans le vert, le badin est actif, 110km/h et rotation. Je pousse un peu sur le manche pour attraper les 130km/h et on continue de monter. 1800ft QNH, on coupe la pompe et on rentre les volets. L’avion prend ses 140km/h gentiment et ça tourne autour de l’échangeur. L’aile a couverte l’hôpital, on se met en vent arrière. 2400ft QNH, on active la réchauffe, un cran de volet, la pompe et on compense. Tout se passe bien, l’avion vole bien. D’habitude, j’ai beaucoup de mal à tenir mon altitude mais là, elle ne bouge pas d’un cran, je suis content. Les tours de pistes s’enchainent bien, juste un bizjet au décollage et un petit avion derrière nous mais sinon c’est calme. On arrive à notre quatrième tour de piste. Alors que je passe mon message radio normal de vent arrière (qui fait l’objet d’un touché), mon FI reprend la radio et annonce que ce sera pour une option, je commence à flairer un peu l’affaire. Je remarque d’ailleurs en descente que mon instructeur n’a rien eu à dire sur mon pilotage, tant mieux. Posé normal, je rentre les volets et pousse les gaz à fond avec l’idée du simple touché mais mon FI a l’air d’en avoir décidé autrement. Il saisit la poignée de gaz, la coupe et annonce que ce sera pour un complet. Mon intuition se confirme un peu plus. On dégage la piste par la première sortie et on roule au parking club. Mon idée est vite confirmée :

- F-KC pour rouler au parking club, ça sera pour un premier lâché solo de mon élève.
- F-KC, bien pris, roulez au parking club, à tout à l’heure.
- On roule au parking club KC

    « Cette fois, c’est le jour de ton lâché » annonce mon FI. Arrivé au parking, ce dernier me fait un petit briefing de ce que je dois faire (telle ou telle checklist, pas d’essais moteur, qu’un seul tour de piste et je roulerais pour les hangars après le posé) et me prévient que l’avion va monter très vite. Puis mon instructeur quitte l’avion et je le regarde s’éloigner. Il est 16h35, il faut y aller :

- F-GEKC, Annecy tour, re-bonjour !
- F-KC, re-bonjour
- F-KC, un DR400 au parking club pour un tour de piste
- F-KC, la 22 en service, QNH 1012, roulez point d’arrêt Charlie 22 et rappelez prêt
- La 22, 1012 au QNH, on roule au point d’arrêt Charlie de la 22 et on rappelle prêt KC

    « Tient, le vent était calme quand on est passé devant la manche à air et on a changé de piste. On fera avec, je connais le tour de piste en 22 de toute façon »
Une fois au point d’arrêt, je fais ma checklist avant décollage, mon briefing (qui est le même que celui d’avant mis a part que l’on ne remonte pas à la raquette et que le premier virage se fera à gauche vu que c’est la piste 22 en service) et je lance mon message.

- F-KC, au point d’arrêt Charlie 22, on est prêt au départ.
- F-KC, alignez vous piste 22, les vents du 230 pour 8 nœuds, autorisé décollage, rappelez en vent arrière
- On s’aligne, autorisé décollage, on rappelle en vent arrière KC

    Je m’aligne, vérifie rapidement qu’il n’y a rien d’anormal (on sait jamais) et plein gaz. 2300trs/min, les 110km/h arrive très vite, rotation. J’ai à peine besoin de pousser sur le manche que le 130 est déjà là. Décidément, l’avion monte très vite ! 800ft, les volets, la pompe et l’avion va chercher directement le 140. J’ai été impressionné, j’étais à peine en fin de montée initiale qu’il ne me restait plus que 200-300ft pour avoir mes 2400ft. En milieu de vent traversier, ma machine était prête : un cran de volet, réchauffe, pompe et compensation. Arrivé en milieu de vent arrière, j’annonce que ce sera pour un complet et la tour enchaîne avec une info trafic concernant « Dragon 74 » qui signalait un DR400 en vent arrière. Le pilote n’a pas encore le visuel. Même chose pour moi, la tour me signale un EC145 au dessus du lac, pas de visuel non plus. Je continue ma vent arrière en cherchant le trafic et cette fois, j’ai le visuel. J’étais content et je m’empresse de le signaler à la tour. Bon, c’est pas qu’on est mal en vent arrière mais il faut déjà descendre. J’étais un tout petit peu haut mais je n’ai pas eu de mal à rattraper cette erreur.
Pour éviter d’overshooter l’axe, j’ai tourné un peu plus tôt ce qui fait que je n’étais pas pile aligné, rien de bien méchant, ça s’est corrigé tout seul. Mon avion est prêt, je suis autorisé, on continue. L’arrondi est bien, un peu haut, je maintiens l’assiette comme j’ai appris durant les leçons précédentes et évidemment, l’avion s’enfonce. Je le récupère encore un peu et je suis au sol. J’ai comme eu l’impression que l’avion s’enfonçait à gauche au toucher mais je me suis dit que c’est normal, l’amortisseur n’avais pas l’air au mieux de sa forme avant le vol. Je dégage, ma maman et ma sœur me regardais juste après le point d’arrêt, le temps de leur faire un coucou et je roule aux hangars où m’attend mon FI qui fera office de placeur. Ça y est, je suis lâché. Dire qu’il y a un an et trois mois, je commençais seulement à m’initier au pilotage, je me retrouve maintenant avec plus de 20 heures de vols seul dans un avion pour la première fois. Un grand moment et une belle étape de franchie. Ce qui m’a le plus surpris, c’est que je n’ai jamais été stressé durant tout le lâché et c’est peut-être mieux comme ça. D’après les échos que j’ai eu de ma maman, mon instructeur a dit quand il était au sol que j’avais fait un touché parfait, confirmé par la secrétaire du club. Ça fait plaisir. Mais ne nous emballons pas trop, il reste encore un bon bout de chemin jusqu’à l’A320. :-)
 Moi, au retour de mon lâché solo
 Le C130 présent sur le terrain le même jour
Merci de m'avoir lu,
Nicolas